DossierHistoire de la robinetterie sanitaire, des origines à nos jours

Histoire de la robinetterie sanitaire, épisode 8 : la monocommande et les années 1970-80

La monocommande traduit les débuts du mitigeur en France, qui a l’avantage de réunir en une seule manette le mélange de l’eau froide et chaude.

Avec le mélangeur, il fallait régler la température au moyen des deux croisillons marqués F et C. Sur le mitigeur, le réglage s’effectue en manipulant un levier unique qui, sous forme de manette ou d’étrier (pour une meilleure préhension), se manœuvre horizontalement pour obtenir la température voulue et verticalement pour le débit.

Ce « tout en un » détermine des améliorations diverses : le corps du robinet comporte un écrou de compression et peut s’agrémenter d’un enjoliveur, le bec dispose d’un joint et d’un aérateur (ou mousseur) qui donne un jet plus agréable et assure le contrôle du débit.

Les polymères (plastiques) entreront dans la fabrication du robinet monocommande, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur (le levier). Mais le plus singulier est à venir : des designers vont s’intéresser à l’objet pour agir sur le corps, le bec et le levier.

Mitigeur thermostatique encastré Thetamix de Huber, photo Huber.En parallèle, apparaissait le mitigeur thermostatique pour la douche, dans sa version « encastrable » (photo ci-contre), et en 1967, un entrepreneur suisse, Max Huber, lançait le « Thetamix », son premier thermostatique, point de départ d’une entreprise spécialisé dans ces modèles, Huber, qui sera créée en 1987.

Il est à noter qu’en 1964, l’activité robinetterie de Jacob Delafon est transférée dans l’usine de Reims, laquelle a également accueilli la fonderie et un atelier « plastiques ». Les effectifs du site vont atteindre 800 personnes et représenter 20 % de la production nationale.

Une révolution : la cartouche céramique

La douchette Selecta de Hans Grohe, lancée en 1968La fin des années 1960 se matérialise par un bond technique. En 1968, Hansgrohe lance Selecta (photo ci-contre), la première douchette à main qui intègre deux ou trois jets différents. Un choix plébiscité par un grand succès commercial.

Puis, en 1969, arrivait une invention déterminante, la cartouche à disques céramique, invention dont se réclame Porcher, mais aussi Ideal Standard ; une double revendication qui n’a guère d’importance étant donné les liens étroits noués entre ces deux grandes entreprises. Cette cartouche, composée de deux disques en céramique très dure, l’un fixe et l’autre mobile, et située en tête du mitigeur, remplaçait avantageusement le clapet et les joints. En effet, elle venait assurer un réglage plus fin et plus rapide du débit et de la température, avec, selon la qualité de la cartouche, une meilleure stabilité de la température. Cette invention va rapidement se généraliser, ouvrant des perspectives aux designers, car elle va leur permettre de renouveler très largement la forme et position de la commande.

Les années 1970 : les matériaux évoluent

Des matériaux encore peu utilisés font leur entrée dans l’univers du sanitaire. Parmi eux, divers polymères (plastiques) tels que le polyuréthane, le polyester, le caoutchouc de silicone, ainsi que des matériaux de synthèse thermodurcissables, comme les polyacrylates, résines parfois associées à d’autres polymères. Certains de ces matériaux vont entrer dans le mécanisme interne des robinets, mais figurer aussi à l’extérieur, comme les leviers, souvent par économie.

Des apports significatifs pour les douchettes à main

Les douchettes à main colorées des années 1970 de Hans GroheCe produit s’étant généralisé avec les barres de douche murales, il ne cesse de se perfectionner. Pour l’un des fabricants spécialisés, Hansgrohe, la décennie 1970 est importante, car elle introduit, grâce aux polymères et leurs dérivés, la couleur dans les collections (ci-contre douchette Tribel). Suivront une douchette dotée d’un système anticalcaire (l’ennemi n°1 en robinetterie) dès 1974, puis la première douchette multijets délivrant trois jets différents (1975). Le système anti-calcaire sera amélioré en 1978 au moyen d’un diffuseur en caoutchouc polymérisé, mieux adapté aux innovations précédentes.

La préoccupation de l’esthétique

Portrait de Jean-Claude DelepineCe qu’on appelait après-guerre « l’esthétique industrielle », dont l’un des initiateurs fut le français Raymond Loewy, allait devenir une préoccupation des fabricants. Le design des produits et l’activité de designer. Diverses influences en étaient à l’origine : les premières productions de J.-C. Delepine (photo ci-contre, Jean-Claude Delepine), les débuts d’une recherche en ergonomie, le mitigeur et la cartouche céramique, et enfin les nouveaux matériaux, lesquels inspiraient de nouvelles formes… L’importance de la demande, une concurrence européenne accrue, déterminèrent de nombreux fabricants à reconsidérer l’aspect physique de leurs nouveaux produits.

Les italiens furent au premier rang de cette approche, nommée « design », terme anglais dérivé de l’italien « disegno » qui, à l’origine, ne signifie pas dessin mais « dessein ». La nuance est importante ; le design va jouer un rôle, au cours des décennies à venir, qui sera loin de se limiter à la forme.

Les années 1980 : technique, esthétique et écologie

Le robinet est devenu un produit relativement complexe, composé d’environ quarante pièces. Sa technicité et ses performances ne cessent de croître. La cartouche céramique, d’un diamètre de 47 mm à l’origine, est réduite à 40 mm. Le flexible, tuyau qui relie la douchette au robinet, voit son aspect et sa souplesse s’améliorer.

En 1981, Grohe parvient à intégrer une douchette extractible dans ses robinets d’évier. Après Presto, un autre français, Delabie, exploitant la cartouche céramique, aborde le marché des collectivités et des EPR (établissements recevant du public) avec une robinetterie temporisée et souligne son ambition en produisant, dès 1989, le premier robinet électronique.

Nous avons vu JCD ouvrir une voie pour le luxe et les matériaux nobles. Le français THG l’avait d’autant mieux suivie qu’il était son fournisseur. D’autres s’y engagèrent, comme Serdaneli, Rolex, M. Meurant… Les pièces en laiton massif bénéficièrent de l’apport du cristal ou des pierres dures pour singulariser luxueusement leur aspect. Les finitions externes du métal étaient un autre moyen de personnaliser le produit. A la finition « classique » du chromé brillant, d’autres traitements de surface du métal sont proposés : mat, satiné, brossé… Quant à la couleur, elle se manifeste par des finitions, partielles ou totales, en « époxy », une résine à double composant qui autorisait toute une palette de coloris très résistants.

Les débuts d’une sensibilisation aux économies d’eau se manifestèrent. En première ligne, les réservoirs des toilettes qui déversaient de 12 à 9 litres à chaque usage. En 1989, Ideal Standard présente son premier mécanisme double chasse à 3/6 litres. S’il n’est pas nécessaire d’expliquer le pourquoi de ces deux volumes, ce mécanisme, installé sur les réservoirs des cuvettes sur pied, suscita autant d’intérêt auprès des professionnels que de plaisanteries convenues. Il faut un début à tout. On aborde aujourd’hui la question des WC sans aucun complexe et la double chasse, plus économe, est un mécanisme quasiment universel, largement amélioré par l’arrivée des cuvettes sans bride et de nouveaux procédés pour « chasser » l’eau.

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