Le principe du « mix and match » qui cartonne en décoration a relancé la mode du carrelage patchwork. Au mur et/ou au sol, l’assemblage de carreaux disparates forme une mosaïque de couleurs et de motifs variés qui, dans la salle de bains, se décline en deux styles : vintage ou contemporain graphique.
Emprunté à l’anglais patchwork (de patch, morceau, et work, travail), cet « ouvrage de tissu constitué par l’assemblage de morceaux disparates dans un but décoratif » compose, selon le dictionnaire Larousse, un « ensemble quelconque formé d’éléments hétérogènes, disparates ». De fil en aiguille, cet art textile s’est appliqué à d’autres registres décoratifs et réussit aujourd’hui à nous plaire sans se cantonner au plaid.
La preuve en images avec du carrelage qui, revenu dans le vent, dé-ringardise l’image un brin désuète qui colle à nos têtes. Aucune malchance que le carrelage qui exploite la technique du méli-mélo ne donne à vos murs l’allure de la couverture rapiécée de mamie. Dans la salle de bains, c’est même un genre idéal pour apporter un coup de jeune au décor en habillant par exemple le soubassement, la crédence au-dessus du point d’eau, pour personnaliser l’intérieur de la douche (Rak, collection Revive Concrete et Revive Concrete Décor, photo ci-contre), combiné à un carrelage plus neutre au sol. Ou inversement… Parfait aussi pour délimiter l’espace accordé à la salle de bains si celle-ci est ouverte sur la chambre (Monocibeb, collection Graphis, décor Bianco : photo ci-dessus), posé à la manière d’une tenture et d’un tapis. Avec le principe du patchwork, aimez et composez comme vous voulez !
Ordonnancement libre et figures imposées
Imitant souvent le style des carreaux de ciment qui puisent leur inspiration dans les années 1900 (Mainzu Ceramica, collection Tine Tile, photo ci-contre ; Marazzi, collection Alchimia ; Monocibec, collection Graphis ; Ragno, collection Abitare), le patchwork sur carreaux en grès cérame met en scène des mélanges de tonalités ou de motifs qui ne sont pas forcément aussi aléatoires qu’ils en ont l’air. Certes, il existe une majorité de formats 20 x 20 cm qui sont étudiés pour être librement combinés entre eux, mais de plus en plus de fabricants proposent aussi des « montages » en format 20 x 60 cm qui égalent l’alignement de trois carreaux, et sont donc plus rapides à poser, sans erreur de calepinage possible. C’est le cas notamment de la collection Bird chez Grespania avec le décor Parrot alors que le décor Kaleido Mix de Gayafores, inspiré par les jeux de blocs de construction en bois, combine quant à lui quatre dessins différents au format 33 × 33 cm.
La « poussée » du format hexagonal
Très actuelle, la collection Amazonia de Zyx (vendue notamment chez Décocéram) mixe un décor jungle terriblement fashion (trente-six motifs variés, en cinq tonalités), grâce à un audacieux (et généreux) format hexagonal de 32 x 36,8 cm qui a beaucoup de présence. Même en format carré de 13,8 cm de côté, cette gamme prouve que la botanique est chic (et peut sortir de la salle de bains pour tapisser le fond de la piscine). Chez Ora Italiana, le décor Aosta de la collection Folk explore aussi cette piste rafraîchissante qui nous invite à penser végétal avec des carreaux représentant des brassées de fleurs lookées 70’s. Avec sa collection Miami (décor Florida Grey), Cir Ceramiche s’inscrit également dans cette tendance, avec un carreau plus petit (24 x 27,7 cm) et des rinceaux japonisants (photo ci-dessus).
Foisonner sans doublonner
Les nouvelles gammes démultiplient les motifs (souvent plus de quinze, voire beaucoup plus) afin de créer une vraie dynamique visuelle, sans fâcheuse impression de redite. Chez Novoceram, la collection Indigo (sortie en 2017, elle vient d’obtenir le Label Observeur du design 2019) est ainsi une ré-interprétation décalée des traditionnels azulejos, qui propose un mix avec pas moins de soixante-trois sujets originaux en grès cérame émaillé ! Dans un genre tout aussi graphique et fun, la collection Felix The Cat signée Del Conca fête en beauté le 100e anniversaire du fameux félin de la bande-dessinée éponyme avec trente-six motifs qui sont bicolores, à l’instar dudit matou, plus deux unis (noir, blanc).
Former un melting-pot
Pas de crainte non plus d’un effet « arlequin », le carrelage patchwork joue davantage l’harmonie « soft » que les associations criardes de couleurs. La tendance est aux tonalités fondues, dans des camaïeux discrets de beiges (Marazzi, collection Alchimia, photo ci-dessous) et de gris (Rex, collection Esprit, décor Vintage ou Maioliche, 20 x 20 cm, photo ci-contre ; Vives, collection Basic avec des stries en surface) ou de noirs (Marazzi, collection D-Segni : RAK, collection Revive Concrete), voire de pastels comme la collection géométrisante Acquerello de la très inventive firme italienne Made+39 ou encore Cloud chez Ape Ceramica.
Revisiter le passé
Le style industriel ayant la cote dans la salle de bains comme ailleurs, les revêtements adoptent de plus en plus un aspect « used » avec des surfaces qui semblent « effacées » par le temps passé. Parmi les collections qui présentent ces décors érodés, citons Play de ABK, dans le bien-nommé décor Re-used ou encore Oxidart récemment sorti chez Sant’Agostino, collection dont le décor Patchwork (light ou dark, 20 x 20 cm), décliné en quarante-cinq motifs, imite la trace de l’oxydation du métal, ou de reflets presque miroitants (Esprit de Rex ; Mainzu Ceramica, collection TinTile).
D’autres carrelages tendance revalorisent les décors du passé, comme par exemple les granulats du terrazzo qui sont un hommage à la production artisanale à la main (Ragno, collection Abitare ; Iris Ceramica, collection Arqui, décor Cold ou Warm, 20 x 20 cm, photo ci-contre) ou un matériau rétro qui fait également son come-back, le cocciopesto, formé de briques broyées (Ragno, collection Cocciopesto, photo ci-dessus).