Toujours associé à sa lunette, l’abattant des WC se pose sur un siège aussi inamovible qu’indispensable. Petite histoire d’un incontournable des toilettes apparu vers la fin du XVIIIe siècle.
L’objet n’est pas très beau. Dès son origine, il fut conçu en deux parties. Une sorte de couronne destinée à s’intercaler entre la fraîcheur ou l’humidité suspecte de la cuvette et la tiédeur d’une zone de chair habituellement dissimulée par les vêtements : telle est la lunette. Un couvercle de même forme occulte la vue sans grâce de cette cuvette et de ce qui s’y trouve : tel est l’abattant. Reliées et articulées par des charnières, ces deux parties sont inséparables… sous réserve de vandalisme domestique.
Apparu vers la fin du XVIIIe siècle, l’abattant des toilettes est presque universel. Il fut longtemps fabriqué en bois. Vint ensuite le plastique, matériau plus léger et facile à entretenir (quoique…), mais présentant une résistance très inférieure. On découvrit le moyen de durcir le plastique, puis la technique du bois réticulé qui autorise l’impression d’un décor. Certains abattants en acrylique transparent comportent des inclusions aussi variées que des coquillages, des plantes, du fil de fer barbelé… Ainsi, l’abattant et la lunette sont devenus les éléments de décoration d’un lieu naguère tenu à l’écart des préoccupations esthétiques.
De nos jours, des technologies inédites agrémentent abattant et lunette. Ils sont rapidement désolidarisés de la cuvette W.-C. et acceptent (parfois) de passer au lave-vaisselle. On y incorpore des produits antibactériens, ils peuvent disposer d’un ralentisseur de chute pour les oreilles sensibles et, pour les épidermes tout aussi sensibles, être « équipés ». Là , c’est du grand art car la lunette est chaude lorsqu’on s’y assied ; les fonctions naturelles peuvent être suivies d’un nettoiement à l’eau tiède, à l’aide d’une douchette, et les parties devenues propres, séchées par un flux d’air chaud. Une pression sur un boîtier de commande déclenche ces services, dignes d’un monarque, à partir d’un simple abattant.
Désormais, à la seule approche de ce trône individuel, une lumière illumine la scène. Officier dans ces conditions est le signe d’un progrès incontestable.
Photos : Extrait du catalogue Jacob Delafon, 1934.
Superbe article mais d’où viens la forme de ce sacré abattant haha
Mais oui, confirmation, je reconnaissais bien “la plume” de Pierre !
Merci Pierre !