La Maison d’Ambronay fut une école 1900 avant d’être transformée en chambres d’hôtes. Les salles de bains rendent hommage à ce passé enfantin, en particulier celle de la suite CE1, qui recrée le décor suranné d’un vestiaire de piscine. Une rénovation pleine de charme… et d’enseignement.
Réhabilitées, les quatre classes d’une ancienne école de la région lyonnaise ont laissé place à autant de chambres d’hôtes couplées à de spacieuses salles de bains. Multipliant les clins d’œil au passé studieux des lieux, Nathalie Schlienger, la maîtresse (de maison), s’est amusée à réemployer les objets iconiques qui peuplent notre imaginaire pour créer une atmosphère écolière rétro-chic dont l’âme est nostalgique. « J’ai conservé le nom des classes pour nommer chacune des quatre chambres : CE1, CE2, CM1, CM2. Toutes ont leur personnalité et leur propre univers ! Pour les parties communes, j’ai voulu de la couleur et du pep’s. On retrouve également un peu partout des éléments issus de l’école : chaises, mappemondes, tableaux noirs… »
Une école primaire convertie en maison d’hôtes
D’évidence, la restauration du bâtiment rime ici avec préservation. Une mutation en profondeur qui, mine de rien, à nécessité d’importants travaux, en particulier la réfection de l’ensemble du réseau électrique et des fluides, avec l’intégration d’une VMC simple flux. Maître d’œuvre, Franck Boguenet est formel : « Cette maison est le fruit d’une réflexion minutieuse, tant dans sa dimension technique, fonctionnelle que décorative. » Et le chef de chantier de rappeler une évidence salutaire pour qui songerait à changer de vie en se lançant dans une telle aventure, à l’instar de Nathalie Schlienger, imprimeur de métier : « Qui dit maison d’hôtes dit salles de bains et sanitaires privatifs, et ce dans les quatre chambres créées à l’étage. Autant vous dire des kilomètres de tuyaux et de câbles électriques ! Pour que ce soit fonctionnel, tout devait être centralisé avec un tableau de commandes clair et précis, puisque nous évoluions dans un projet à caractère commercial, géré par une seule personne ! »
1 classe = 1 chambre + 1 salle de bains
D’une superficie supérieure à 50 m², chaque salle de classe s’est muée en une suite coquette dans laquelle la salle de bains bénéficie d’un décor unique où, associés à des trouvailles résolument actuelles, les souvenirs chinés ou restaurés lui confèrent un charme fou. La chambre CE1 comprend quatre couchages individuels, la multiplication des lits invitant à les réunir ou à les séparer pour ajouter un côté dortoir coquet. Elle se distingue avec une douche collective façon vestiaire de piscine qui est le thème fédérateur de cette suite à partager, en famille ou entre amis.
Une douche comme à la piscine
Permettant à trois personnes de se doucher en même temps (le cas échéant, il suffit de penser à amener son maillot de bain), l’originalité de la douche à l’italienne s’exprime dans la multiplication, jamais dans la sophistication. Aux murs, l’indémodable carrelage métro a été associé à un joint noir (chez Décocéram). Ce détail tout simple actualise ce grand classique en lui ajoutant une note graphique à moindre coût. Au sol, la sobriété prime aussi avec l’emploi du traditionnel carreau blanc 20 x 20 qui depuis toujours sied aux établissements de bains. A noter : plutôt qu’un décaissement pour intégrer les évacuations d’eau, la douche dotée de trois caniveaux n’est pas de plain-pied mais accessible via une petite marche, dont la hauteur est inférieure à celle d’un carreau.
Côté robinetterie, là encore, c’est le règne de l’efficience, avec trois vraies douche de tête actionnées avec des boutons poussoirs de collectivités. Cet équipement encastré a été choisi dans le catalogue du fabricant français Delabie, qui est l’un des spécialistes du genre, avec à la clef une facilité d’usage, une résistance accrue aux usages répétés et de substantielles économies d’eau. Entre chaque « poste » de douche, un porte-savon mural rotatif en bronze fragmente l’espace, véritable image d’épinal de l’école, plus traditionnellement associée au lavage de mains.
Sur le côté, une paroi de douche fixe forme un écran aux projections d’eau. A proximité, un pupitre de maternelle peint en rose et personnalisé fait office de desserte, juste en-dessous d’une série de patères métalliques noires. Ces réminiscences poétiques et pratiques du passé permettent d’accrocher pêle-mêle vêtements et serviettes de toilette.
Des points d’eau typés atelier
Face à cette batterie assez inattendue de douches, pas de lavabo de collectivité en céramique mais deux bacs en acier émaillé d’un blanc immaculé. Avec leur remontée arrière typique, ces modèles sont en réalité des éviers de vidage qui auraient tout aussi bien prendre place dans un loft (Ustensilo de Alape).
Autre détail d’esprit industriel, la tuyauterie en cuivre a été laissée apparente. Elle court au-dessus des cuves, passant même par-dessus le miroir qui occupe toute la largeur du pan de mur. Elle est connectée à de modestes robinets d’arrosage, pour une note encore plus brute, qui desservent chaque bac : l’un distribuant l’eau froide, l’autre l’eau chaude.
De part et d’autre de ce duos de lavabos minimalistes, on retrouve les mêmes patères en applique d’autrefois. Deux petites chaises en métal et noyer, aussi accueillantes qu’archétypiques, sont posées dans les coins (en vedette mais pas punies donc), tandis qu’un banc en bois, élément touchant du décor dont on imagine qu’il a du voir passer plusieurs générations d’enfants, a changé de fonction et sert maintenant de plage de dépose pour le nécessaire de beauté.
Maison d’Hôtes La Maison d’Ambronay
46, Grande Rue – 01500 Ambronay.
Photos : Aude Lemaitre.