Petite histoire du miroir

Miroir : « Glace de verre ou de cristal, enduite de vif-argent par derrière, que le luxe a rendu un meuble nécessaire et que la fatuité consulte à tout instant, comme la règle qui doit décider si la parure est bien assortie et si l’on est du bel air. »*

Miroir tryptique ancien, histoire du miroirPendant des siècles, le miroir fut un objet de luxe, ce qui laisse à penser que des générations d’humains ont vécu « sans se voir ». Tempérons toutefois cette affirmation, car le reflet naturel produit par l’eau dans un récipient de couleur foncé a toujours existé.

Les premiers miroirs « artificiels » furent des disques de métal (bronze, étain, airain, argent et même or…). Après plusieurs polissages, leur surface devenait réfléchissante : l’image renvoyée était fidèle, mais monochrome. Connus des Égyptiens, les miroirs métalliques furent utilisés jusqu’à ce que le prix des « vrais » miroirs devienne abordable pour tous. Toutefois, aujourd’hui encore, dans certains lieux publics isolés, par exemple les sanitaires situés au bord des autoroutes, on utilise, en guise de miroir, des surfaces en inox poli.

Selon l’historien romain Pline, les miroirs auraient été inventés par les Phéniciens. Etaient-ils doublés de plomb ? On ne le sait pas, car leur secret de fabrication a été perdu… bien que Voltaire affirme qu’il fut récupéré par les Vénitiens : c’est en effet dans les ateliers de Venise qu’apparurent les premiers miroirs, au XIIIe siècle. Jadis, pour fabriquer un miroir, il fallait disposer d’un verre blanc épais, dont les deux faces étaient polies. L’une d’elles était étamée, c’est-à-dire recouverte de feuilles d’étain sur lesquelles on coulait du vif-argent (ou mercure). De nos jours, ce « tain » est obtenu par pulvérisation sous vide d’une solution de nitrate d’argent, recouverte d’un vernis cuit à 150 °C. Le miroir sans tain, qui permet de voir sans être vu, fut un temps l’attraction recherchée des maisons closes, avant d’investir les salles d’interrogatoire de la police et des services secrets.

La portée magique et psychologique du miroir est un classique : depuis Narcisse, en passant par Blanche Neige, conte dans lequel la méchante reine interroge le sien pour s’entendre confirmer qu’elle est la plus belle, le miroir est censé renvoyer la vérité, cruelle ou vaniteuse. L’accessoire est intensément exploité par le cinéma, qui y fait apparaître le visible comme l’invisible, de claires nudités ou des noirceurs fantasmagoriques. Bref, impartial et sans mémoire, le miroir rassure autant qu’il inquiète.

* Définition du miroir, citée par Henry Havard dans le Dictionnaire de l’ameublement et de la décoration (1890), réédité par Editions Vial.
Photo : Miroir n°1216, catalogue Jacob Delafon, 1931.

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