Insolite : une salle de bains entièrement carrelée de noir

Rarement utilisé en total look, le noir apporte un cachet ultra contemporain. Loin d’être lugubre, il étonne sans détonner, son originalité allant de pair avec une certaine distinction. La preuve avec cette salle de bains au carrelage noir qui habille l’ensemble de la pièce, exploitant à merveille le contraste graphique avec les touches de blanc des équipements sanitaires.

salle de bains entièrement carrelée avec des carreaux noirs

Conçue par l’architecte Jean Verville, cette salle de bains s’intègre dans un cottage montréalais des années 1950, le projet IN 2, qui « présente une installation architecturale domestique conçue par deux passionnés d’arts actuels, théâtre, musique, danse, comme d’art numérique, vidéo et installation. »

Alors que dans l’habillement et la mode, le noir, réputé classe et sobre, se suffit à lui-même, il n’est mis en œuvre que très ponctuellement dans la maison, presque jamais seul, et très peu employé sur les murs. Aurait-on peur que les cloisons rapetissent de la même manière qu’une silhouette habillée de noir s’affine ? Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, l’usage du noir sur toutes les dimensions de la salle de bains ne diminue pas visuellement le volume de la pièce. Du sol aux murs en passant par le plafond, la couleur tapisse tout pour créer une sorte d’écrin.

Une salle de bains carrelée de noir, aux murs, sol et plafond

salle de bains entièrement carrelée avec des carreaux noirsRaffinement, élégance et sobriété sont les maîtres-mots de ce projet arty qui met en œuvre un dispositif simple pour un maximum d’effets visuels. Le parti pris d’utiliser une seule teinte et un unique matériau pour habiller l’ensemble de la pièce – sol, murs, plafond – est d’autant plus remarqué qu’il est rare. Répété à l’infini, le carrelage (type faïence noire en 10 x 10 cm, format classique en salle de bains) devient un motif dynamique. Avec son jointoiement ton sur ton qui donne du rythme et souligne des lignes de fuites, ce revêtement révèle la profondeur de la pièce, qui semble s’étirer. Au lieu de dissocier chacun des plans (sol, murs, plafond), le regard est invité à observer la pièce dans sa globalité grâce à cette astuce qui joue sur la 3D. Son volume est ainsi unifié, le décor donnant une impression de calme et de pureté.

Un carrelage noir brillant qui renvoie la lumière

salle de bains toute carrelée avec des carreaux noirsQui a dit que le noir était morne ? Plutôt que d’absorber la lumière, les carreaux la renvoient car leur surface est brillante. Paradoxalement, l’écrin se mue en un cocon qui ne semble pas si sombre, d’autant qu’une fenêtre sur la nature vient constituer une sorte de tableau vivant. Non seulement le soleil pénètre par ce cadre, mais un dispositif de miroirs démultiplie les rayons et crée un jeu de perspectives changeantes. Cette installation bouscule la notion ordinaire de pièce « carrée », certaines cloisons étant installées à l’oblique, soulignant un plan atypique. Le regard s’égare alors, un peu comme dans un palais des glaces dont l’éclat fait écho à celui chromé de la console métallique au point d’eau et de la robinetterie. A noter : l’éclairage artificiel n’est pas assuré par un plafonnier ni par des appliques ou une armoire de toilette lumineuse comme il est d’usage dans la plupart des salles de bains. Deux rampes de néons parcourent le plafond de part en part, une autre se dresse à la verticale du point d’eau, dessinant des raies de lumière blanche qui tranchent avec le reste.

Une douche à l’italienne invisible

salle de bains habillée de carrelage noirFormant un indémodable duo graphique, le noir est associé au blanc de l’équipement qui compose la salle de bains. En contraste, la baignoire, la vasque, la cuvette suspendue et la plaque de déclenchement de la chasse se détachent, ce qui met en valeur leur propre fonctionnalité. La douche, à l’italienne, donc également carrelée au sol, est simplement matérialisée par une colonne coiffée d’un généreux ciel de pluie circulaire. Les seuls éléments qui se « camouflent » sont les patères : choisies dans la même tonalité que le revêtement mural, ces crochets se soustraient presque au regard entre deux utilisations.

Salle de bains du projet IN2 de l’architecte Jean Verville.
Collaborateurs : François Bodlet, Stéphane Gimbert, Steve Tousignant.
Photos : Maxime Brouillet.

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